
Parmi les espèces buissonnantes, et plus encore chez les herbacées, le changement de teinte automnal n’est le plus souvent pas très spectaculaire (le feuillage simplement s’éclaircit ou jaunit vaguement). Ou alors il est gâché par les taches qui marquent la fin de la belle saison – c’est notamment le cas chez les pivoines, dont certaines variétés (surtout parmi les pivoines de Chine) et quelques espèces (comme Paeonia lutea et P. chameleon) sont pourtant susceptibles d’adopter une livrée automnale remarquablement vive. Il n’en reste pas moins que de nombreux petits arbustes et même des herbacées se colorent généreusement, ce qui permet de s’offrir des visions d’automne dans le plus modeste des jardins.
Lorsque coloration nette il y a, elle est le plus souvent dans les tons jaunes (figuier à fruits, kiwaï, arbre de Judée, hamamélis, clérodendron trichotomum, grenadier, hydrangéa ‘Annabelle’, campanule de Chine, hostas, amsonias, graminées, fraxinelle, actées…).
Moins fréquents – surtout parmi les vivaces – les rouges et les rouge et or sont offerts par les érables du Japon, certains Prunus et hydrangéas, l’arbre-à-perruques, les vignes vierges, les cornouillers à fleurs, le plaqueminier (kaki), les berbéris, le fothergilla, certains géraniums et euphorbes, ainsi que par les arbustes à feuillages pourprés (ces feuillages en effet se font généralement plus clairs et plus rouges avant de tomber).
Certaines plantes, enfin, offrent des coloris plus rares, dans des tons rosés (Prunus glandulosa ‘Alba Plena’, hortensias), bordeaux (parmi les lilas et forsythias, par exemple), ou d’un blond presque blancs (l’arbre-au-caramel ou Cercidiphyllum] et certains fusains, notamment).
Ne pas oublier les rosiers
Parmi les arbustes auxquels on ne pense jamais quand on concocte un décor à la gloire de l’automne figurent les rosiers. Pourtant, beaucoup de rosiers arbustifs – mais pas les habituels rosiers à massifs! – adoptent en fin de saison une coloration remarquable. La plupart des églantiers asiatiques et américains se teintent ainsi de tons de feu, à l’image du petit Rosa nitida dont les menues feuilles luisantes se parent alors de jaune et de rouge. Selon les cultivars, les variétés issues de Rosa rugosa colorent leur feuillage gaufré de jaune or (‘Blanc Double de Coubert’, rugosa ‘Alba’…) ou de jaune et rouge (‘Roseraie de l’Haÿ’). Les feuilles bleues de Rosa glauca virent à l’ocre, tandis que les fins feuillages de ‘Single Cherry’ ou de ‘William III’, variétés compactes issues de l’indigène Rosa pimpinellifolia, passent au rouge vineux…
Du côté des herbacées bien colorées, on ne saurait passer sous silence les géraniums vrais. Chez eux, il n’est pas rare de voir quelques feuilles vigoureusement colorées même en début de saison – notamment chez l’indigène herbe-à-Robert – mais certains cultivars offrent en automne un véritable festival de couleurs, mêlant le plus souvent tons jaunes, rouges et orangés. Parmi nos préférés, les variétés de G. renardii au feuillage finement gaufré, le vigoureux G. ibericum ‘Vital’ dont les grands limbes rougis se font spectaculaires à contre-jour, ou encore l’indigène Geranium nodosum, dont les feuilles luisantes s’illuminent (novembre) de bronze et d’écarlate.
Mais le mot de la fin revient sans conteste aux modestes fleurs-des-elfes. Ces vivaces aux floraisons délicates, à la bonne volonté sans faille (beaucoup prospèrent à l’ombre et en terrain sec), adoptent souvent une coloration automnale; mais certaines, comme Epimedium X versicolor ‘Sulphureum’ et Epimedium X rubrum, sont persistantes et ont le bon goût de maintenir ces teintes bronze à rouge tout l’hiver, formant des masses colorées qui attirent le regard de loin.
Isabelle Erne
Terre&Nature, le 7 novembre 2013

Des plantes bien adaptées à nos jardins
- A l’exception des hortensias, que nous cultivons principalement en potée, et du Cercidiphyllum, installé en altitude en terrain plus frais, toutes les plantes citées ont été testées durant plusieurs années dans notre jardin en sol passablement drainant, voire sec, à tendance calcaire. Les amsonias, actées et certaines euphorbes préfèrent cependant un sol plus frais.
- Question rusticité, ces plantes ont donc subi – et supporté – les forts gels de février 2012 à 700 (voire 900) mètres d’altitude.
- Les rosiers en général préfèrent le soleil, même si beaucoup poussent et fleurissent aussi convenablement à mi-ombre, en sol normal.
- Les géraniums sont très divers et leurs exigences également. Les G. renardii et G. nodosum s’accommodent bien d’un sol sec, le second se plaît même à l’ombre.
- Certains épimédiums préfèrent la fraîcheur, mais les deux espèces citées supportent aussi bien le soleil (non brûlant) que l’ombre, ainsi qu’un sol sec.