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Leçon No 1 pour Gaël et Antoine

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© Mathieu Rod

Les abeilles sont en pleine effervescence. Moi aussi. Une fois de plus, je n’ai pas suivi les sages conseils de la revue apicole romande et je me retrouve au printemps avec des cadres pas encore montés, un lève-cadre poisseux de propolis et un enfumoir dont l’état ferait fuir un ramoneur. Mais qu’ai-je donc fait cet hiver? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Il faut croire qu’il a filé trop vite, ou qu’il faisait trop froid, ou qu’il faisait trop sombre pour descendre à l’atelier et remuer, gratter, poutser et ranger tout le matériel apicole histoire d’aborder sereinement la nouvelle saison. Je n’ai pas non plus profité de l’hiver pour relire au coin du feu les cinq volumes de la bible de l’apiculteur suisse, L’apiculture, une fascination, ni pour faire un rapport détaillé de la saison écoulée. Qu’à cela ne tienne.

Dans leur verger de L’Abergement (VD), à 670 mètres d’altitude, mes quatre ruches et leurs abeilles vont bien. Elles se passeraient même volontiers de moi qui leur pique leur miel et les enquiquine à intervalles irréguliers. Le printemps a commencé plus tôt que prévu et elles bossent déjà depuis belle lurette. Les reines pondent, les cirières cirent et les butineuses butinent dès que la météo le permet. Moi, j’essaie tant bien que mal de suivre le rythme en courant du potager au rucher, du poulailler au verger, tout en 
déplorant de ne pas pouvoir être partout à la fois. Je m’emploie aussi à concrétiser une idée folle, venue sur le tard en méditant au jardin: initier mes deux garçons à l’apiculture. Me voici donc à éplucher les catalogues et les sites de vente en ligne pour les équiper des pieds à la tête d’un costume de cosmonaute. Les vieux briscards de l’apiculture peuvent bien aller aux abeilles tête nue et manches retroussées, moi je n’aime ni les piqûres ni la gueule de Quasimodo qu’elles m’infligent quand par mégarde j’ai mal ajusté mon voile. Bref, pas question de tuer dans l’œuf deux vocations naissantes. Gaël et Antoine, respectivement 13 et 11 ans, auront donc une tenue ad hoc, un lève-cadre tout propre et chacun une ruche 
Dadant flambant neuve qu’ils pourront décorer à loisir. J’achète autant que possible bio et local, mais là j’avoue humblement que, comme bon nombre d’apiculteurs romands, je me suis procuré les ruches de l’autre côté de la frontière, en Franche-Comté, où un boisselier fabrique un matériel de bonne qualité au bas mot deux à trois fois moins cher que de ce côté-ci. Si tout va bien, j’aurai réuni tout ce qu’il faut au retour de nos vacances pascales. Il ne manquera que les abeilles, mais pas de souci, car, d’ici là, mes quatre colonies auront bien prospéré près des pommiers en fleur. Il suffira de leur prélever quelques cadres de couvain pour démarrer une nouvelle colonie. Pour autant bien sûr qu’elles n’aient pas profité de notre absence pour prendre la poudre d’escampette.

Aino Adriaens

Terre&Nature, le 17 avril 2014

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Bio express

Naturalistes en herbe
Née en 1970, Aino Adriaens est biologiste et écrit pour Terre&Nature depuis 1997. Elle a acquis ses premières ruches en 2007 et suivi les cours de la Société romande d’apiculture. Elle travaille depuis 2013 pour le Service des parcs et domaines de la ville de Lausanne. Né en 2000, son fils Gaël «dessine tout ce qui bouge ou fleurit, à moins qu’il ne soit en train de courir les bois ou de planter des haies dans le voisinage». Quant à Antoine, né en 2003, il est passionné d’ornithologie et adore dessiner et photographier la nature.


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