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Comprendre comment le cheval perçoit son environnement

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Comprendre comment le cheval perçoit son environnement © Véronique Curchod

Votre cheval semble avoir entendu un fantôme et vous a embarqué à travers bois au galop? De nuit, il vous emmène sans souci sur un sentier étroit, alors que vous n’y voyez rien? Vous avez peur et votre monture semble plus nerveuse que d’habitude, alors qu’elle est réputée pour son calme? Autant de cas de figure qui incitent à mieux comprendre comment le cheval perçoit son environnement, ce qui, au final, permettra de renforcer la relation du cavalier avec sa monture. «Le cheval voit, entend et sent le monde très différemment de nous, souligne Sabrina Briefer, éthologue au Haras national suisse, à Avenches (VD). C'est important de le connaître lorsqu’on travaille avec lui ou le monte. On n’aborde pas un cheval de la même manière qu’un être humain!»

Ne pas prendre en compte les particularités sensorielles du cheval peut donc mettre en danger le cavalier. Par exemple, un équidé qui est abordé sous un certain angle ne peut pas voir la personne qui s’approche. Surpris, il est alors susceptible de réagir violemment en bottant l’intrus. Outre la question de la sécurité, il paraît également évident que l’homme a tout intérêt à se mettre à la place de sa monture pour l’amener à comprendre ce qu’il attend d’elle. Les sens de celle-ci jouent en effet un grand rôle dans l’apprentissage de nouveautés. Un des moyens de communication se traduit par une pression plus ou moins forte exercée sur le flanc de l’animal par l’une ou les deux jambes du cavalier, afin d’indiquer une direction ou une allure à suivre. Sachant que le sens du toucher est très développé chez le cheval, il est dès lors inutile de donner de grands coups de talon pour espérer se faire mieux comprendre! Développer sa propre sensibilité à la réceptivité exceptionnelle du cheval permet ainsi d’améliorer son tact équestre et, au final, d’atteindre ce dont tout cavalier rêve: devenir un peu centaure.

Véronique Curchod

Terre&Nature, le 3 avril 2014

L’avis de l’experte

Quelle importance ont les divers sens du cheval dans notre rapport à cet animal?

«Je pense que pour travailler avec un cheval, il est essentiel d’être conscient qu’il fonctionne différemment de nous, souligne Sabrina Briefer, éthologue au Haras national suisse, à Avenches (VD). Cela permet d’éviter de grossières erreurs qui mènent à une incompréhension mutuelle. Vouloir féliciter sa monture en lui donnant de grandes claques sur l’encolure, comme on le voit encore souvent faire, est complètement incompréhensible pour elle, car elle est dotée d’une grande sensibilité. Une simple caresse lui est beaucoup plus agréable!»

Quelles sont les différences fondamentales avec l’être humain?

«Ses aptitudes sensorielles sont pour la majorité largement plus pointues que les nôtres! Nous avons par exemple fait des tests de sensibilité tactile avec un filament très fin. Alors que nous ne le ressentons pas du tout, le cheval y réagit. Sa vision est plus large que la nôtre, sa capacité auditive supérieure, son odorat plus fin. En revanche, les chevaux sont moins performants que l’homme pour évaluer les distances, voir les détails et ils ne perçoivent pas toutes les couleurs, voyant le monde un peu à la manière d’un daltonien.»

Comment expliquer ces différences?

«Je ne suis pas convaincue qu’on peut tout expliquer par le constat que le cheval est une proie et nous un prédateur. Par manque d’entraînement, nous avons perdu une grande partie de nos capacités sensorielles. Il n’y a qu’à observer les aptitudes auditives exceptionnelles que développent des personnes privées de la vue ou l’odorat pointu des «nez», dont le métier est de composer des parfums.»

Quatre sens très développés chez le cheval

La vue
Cheval Vision panoramique à 340°, 
principalement monoculaire.
Homme Vision binoculaire à 140°.
Le + Vision nocturne grâce à une structure particulière qui recouvre la rétine.

 

 

L’ouïe
Cheval Perçoit des fréquences entre 6 et 33 500 Hz, dont des ultrasons.
Homme Uniquement entre 20 et 20 000 Hz.
Le + Les oreilles pivotent à 360° et localisent précisément l’origine d’un son.

 

 

Le toucher
Cheval La tête et le dos sont très sensibles.
Homme Sens moins développé.
Le + Les vibrisses – des poils tactiles sur le menton – permettent d’identifier ce qui n’est pas visible sous cet angle-là, comme les aliments.

 

 

L’odorat
Cheval L’organe vomero-nasal, situé dans les fosses nasales, permet d’identifier les odeurs.
Homme Cet organe n’est pas fonctionnel.
Le + L’odorat joue un rôle capital dans les contacts sociaux.

 

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Des aptitudes adaptées à son mode de vie

Dans la nature, la survie du cheval dépend de sa capacité à anticiper le danger grâce à ses sens. Ceux-ci se sont développés de telle manière qu’ils lui permettent d’évoluer dans les grandes steppes d’Asie qui composaient à l’origine son habitat. Leur rôle était notamment de détecter rapidement d’éventuels prédateurs, afin de pouvoir y échapper. La position des yeux sur le côté de la tête, typique pour les herbivores, permet ainsi une vision très large, à 340°. Cependant, lorsque le cheval broute, activité qui constitue son occupation principale, sa perception visuelle de son environnement est limitée. Cet animal a donc développé sa capacité auditive, qui est bien supérieure à celle de l’être humain. L’odorat est également un sens très important pour le cheval, qui peut sentir la présence de l’eau cachée sous la terre, aptitude qui peut s’avérer indispensable à sa survie.

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