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Tout savoir sur le troc de plantes

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Le troc, permet d'échanger des plantes ainsi que des conseils de jardinage © DR

Il y a d’abord eu l’idée d’échanger des connaissances, par le biais des réseaux de savoir – tu m’apprends la cuisine chinoise et je t’apprends l’allemand. Puis est né le phénomène du bookcrossing, francisé en livre voyageur – un voyage plus ou moins codifié, du roman dûment inscrit sur un site internet et dont le parcours pourra être suivi au jour le jour, le contenu commenté et débattu, au bouquin laissé sur une banquette de train à qui aura envie de le lire. Après les boîtes d’échange entre voisins, nées à Genève fin 2012 (des caissettes à journaux recyclées, qui permettent de déposer de petits objets à donner), fleurissent un peu partout les gratiferias. Mais aussi les bacs potagers, où l’on peut se servir de tomates, de laitues ou de haricots – une idée développée à large échelle cet été à Vevey (VD), où les traditionnels massifs fleuris des quais ont laissé place à des plantations légumières. Echange et gratuité sont les maîtres mots de toutes ces pratiques. Une tendance qui touche aussi le domaine du jardinage.

Pratique établie

A vrai dire, le troc a toujours été solidement inscrit dans les relations entre jardiniers. Parce qu’on peut facilement les transmettre sous forme de graines, d’un éclat de touffe ou d’une marcotte, les plantes se prêtent particulièrement aux échanges – contribuant parfois à la naissance d’une amitié, ou au dégel de relations de voisinage un peu tendues! Ce qui change, depuis quelques années, c’est que ces échanges font désormais l’objet de manifestations qui permettent de les organiser à plus grande échelle. «J’en avais marre de donner aux voisins des plantes qu’ils prenaient par politesse, explique Marion Casselle. Ou bien alors ils en auraient voulu cinq autres… sans oser les demander!» Fondatrice d’un club de jardinage qui, depuis 2010, organise en septembre un troc au château de L’Isle (VD), cette passionnée de végétaux se réjouit de constater que la qualité des plantes offertes – un bon millier sont échangées à L’Isle chaque année – va s’améliorant. Elle-même n’hésite pas à donner l’exemple, empotant dès le printemps quantité de variétés particulières destinées au troc. Et de fait, la gamme est large sur les présentoirs: même les collectionneurs acharnés peuvent y dénicher des espèces intéressantes.

Une concurrence pour les producteurs professionnels? Ce n’est pas l’avis de Rémy Abbt, à la tête d’une pépinière de vivaces à Meyrin (GE), qui tiendra dimanche à L’Isle un stand sur le marché vert voisinant avec le troc: «Ces événements attirent de vrais passionnés. Et notre travail de pépiniéristes, c’est de trouver, cultiver, tester de nouvelles variétés qui pourront intéresser ces personnes. Vu la richesse du monde végétal, il y aura toujours de nouvelles plantes à découvrir…»

Isabelle Erne

Terre&Nature, le 11 septembre 2014

Vos questions - nos réponses

Faut-il privilégier les plantes en pot?

Lors de trocs organisés, il faut bien sûr s’assurer des conditions propres à chaque manifestation. Dans la plupart des cas, on y échange surtout des plantes en pot; mais on y accepte généralement aussi les graines (c’est même souvent préférable, pour ce qui concerne beaucoup d’espèces annuelles) ou, si la saison s’y prête, des plants à racines nues (par exemple des rhizomes d’iris, à l’orée de l’automne). Le hic: la visibilité (petits sachets de graines) et l’étiquetage...

Certaines plantes sont-elles interdites d’échange?

Diverses espèces et variétés végétales sont interdites de plantation en Suisse, que ce soit pour des raisons sanitaires (arbres et arbustes sensibles au feu bactérien, par exemple) ou environnementales (espèces envahissantes). De telles interdictions peuvent avoir une portée nationale, cantonale, ou seulement locale. Dans les premiers cas, ces plantes ne peuvent plus être vendues par les commerces verts de la région concernée, et les échanges entre privés sont (en théorie...) également prohibés.

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Trocs organisés, mode d’emploi


Après les marchés verts, qui ont commencé à se multiplier en Romandie depuis une vingtaine d’années, sont apparus les trocs. Le principe de base en est tout simple: on y apporte les plantes que l’on souhaite donner, on reçoit en échange un bon pour chacune d’elles, et chaque bon permet d’acquérir une autre plante, qui aura été mise à disposition par un autre jardinier. En général, il est aussi possible d’acheter des bons sur place, si l’on n’a pas soi-même de végétaux à donner. Et bien entendu, on peut offrir des plantes sans en reprendre d’autres en échange! Selon les manifestations et les organisateurs, les exigences concernant la qualité et la présentation des plantes proposées peuvent être plus ou moins strictes. 
Mais il n’y a généralement pas de consignes particulières concernant les espèces et variétés, les plus banales comme les plus rares pouvant intéresser un autre jardinier. En revanche, 
les végétaux soigneusement étiquetés, bien enracinés et de bel aspect ont plus de chances 
de trouver preneur que des plantes pendouillantes, mises en pot à la dernière minute…
 

Quand et sous quelle forme les échanger?

Les annuelles
De leur germination à leur dessèchement, les plantes annuelles vivent en réalité souvent bien moins d’une année, et dans la plupart des cas, c’est sous forme de graines qu’il est le plus pratique de les échanger. Celles-ci doivent être récoltées par beau temps, à pleine maturité; 
la période idéale varie donc passablement d’une espèce à l’autre, mais c’est en automne que les stocks sont au maximum! Les échanges sous forme de plantons se feront plutôt au printemps, la plupart des semis s’effectuant entre la fin de l’hiver et le milieu du printemps.

Les bulbes
Pour les bulbes de printemps usuels, des perce-neige aux tulipes, les transplantations – et donc les échanges – sont à effectuer de préférence «en vert», en prélevant les plants avec un peu de terre, à la fin de leur période de végétation; en effet, on abîme souvent les oignons lorsqu’on tente de les extraire «à l’aveuglette», 
en période de repos. Pour les bulbeuses d’été non rustiques, comme les dahlias, il est évidemment plus simple d’échanger les rhizomes à la morte-saison, à l’arrachage (automne) ou avant leur remise en terre (mi-printemps).

Les vivaces
Beaucoup de vivaces supportent d’être transplantées un peu n’importe quand en saison de végétation; les prélever avec une motte et leur prodiguer ensuite des arrosages suivis favorise toutefois nettement la reprise! Dans la pratique, c’est surtout au premier printemps et en début d’automne qu’on procède à des divisions ou des rajeunissements de souches, et ce sont aussi les meilleures périodes pour les échanges – qu’on les effectue directement, plus ou moins «à racines nues», ou qu’on empote éclats ou jeunes plants en godets pour les offrir ultérieurement.

Les rosiers et autres arbustes
Comme les vivaces, rosiers et autres arbustes peuvent être soit arrachés et empotés en vue d’échanges futurs, soit transplantés directement, plus ou moins «à racines nues» (il est souvent difficile de les prélever avec une motte, ou celle-ci est si volumineuse que le tout s’avère intransportable). En revanche, mieux vaut éviter de procéder à ces opérations quand les arbustes sont en végétation; c’est donc à la morte-saison, de novembre jusqu’au débourrement printanier (hors périodes de forts gels), qu’on prévoira échanges ou mises en pot.

 

© Isabelle Erne


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