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Ne jetez pas une plante trop vite

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Certaines plantes sont très sensibles aux maladies culturales © Isabelle Erne

Bien évidemment, quand une annuelle comme le coquelicot termine sa floraison et qu’elle sèche, il ne sert à rien de la conserver: elle ne va pas repousser. Ce cas particulier mis à part, on constate que la plupart des jardiniers ont tendance à considérer un peu trop vite leurs plantes comme perdues...

C’est notamment le cas avec les arbustes ayant souffert du gel. Lorsque, au printemps, un rosier n’a que des bois noirs ou que le feuillage d’un laurier-sauce est «grillé», on les arrache… alors que si l’on avait attendu quelques semaines encore, on aurait souvent vu de nouvelles pousses émerger à leur pied.

Autre cas fréquent, celui des potées frileuses que l’on rentre en automne. Ce déménagement s’accompagne de modifications des conditions de culture (lumière, température, hygrométrie) qui peuvent occasionner un stress. Des hibiscus (agrumes, solanums, etc.) peuvent perdre tout ou partie de leur feuillage, des bégonias jusque-là superbes rapidement dépérir… Beaucoup de jardiniers se débarrassent alors de ces plants – or ils ne sont pas du tout perdus! Les hibiscus – qu’il faudra arroser d’autant plus modérément qu’ils ont perdu une grande partie de leur frondaison – produiront bientôt de nouvelles feuilles, au plus tard lors de la sortie printanière. Les bégonias sont simplement entrés en repos: les tiges mortes enlevées, on peut «oublier» les potées sous une tablette jusqu’à ce que de nouvelles pousses pointent à leur surface, au printemps suivant.

La palme des surprises

Dans notre jardin, nous ne comptons plus les clématites ou les vivaces prématurément «disparues» en pleine saison de végétation, et qui ont repointé comme si de rien n’était au printemps suivant.

Parmi les cas plus surprenants figure un Arisaema (cousin du gouet et des callas) qui, lorsque les conditions du début de l’année ne lui conviennent pas, renonce tout simplement à émerger… pour réapparaître normalement l’année suivante. Il y eut aussi ce rosier, un banal ‘Mme A. Meilland’ qui, alors en boutons, prit soudain une allure tristement pendouillante. On voulut gratouiller à son pied pour voir ce qu’il s’y passait, ce ne fut pas nécessaire: le plant empoigné nous resta dans les mains, racines rongées jusqu’au collet. Il était de toute évidence perdu; mais au lieu de le composter, on le tailla, on replongea ce qui restait de sa base dans le trou, on tassa autour et on arrosa: dix ans plus tard, il nous offre toujours ses roses. Mais c’est sans doute notre clérodendron wallichii qui détient la palme. Cet arbuste indien à la gracieuse floraison blanche, parfois vendu comme plante d’intérieur, supporte mal les à-coups d’arrosage; en cas d’oubli, il perd son feuillage. C’était arrivé à notre plant durant l’hiver. Au moment de la sortie printanière, il n’avait pas une feuille; on l’oublia dans un coin. A l’automne, toujours pas une feuille; on voulut récupérer le pot pour une autre plante, mais on s’aperçut que les racines semblaient encore vivantes. On l’hiverna donc tout de même. En juin de l’année suivante, après la sortie printanière, il débourra enfin: il était resté défeuillé un an et demi.

Isabelle Erne

Terre&Nature, le 2 octobre 2014

Vos questions – nos réponses

Le feuillage jaunit, pourquoi?

C’est un phénomène normal pour les plantes «d’extérieur» qui usuellement perdent leur feuillage en automne. Mais chez les autres végétaux aussi, les feuilles les plus anciennes jaunissent et tombent. Ce phénomène (plutôt printanier-estival) doit toutefois rester limité. Sinon, il dénote un problème au niveau racinaire, généralement un excès d’eau.

Ma plante est défeuillée, va-t-elle repartir?

La chute du feuillage peut avoir diverses causes. S’il tombe sans jaunir, c’est généralement la conséquence d’un manque d’arrosage. Hormis les annuelles, beaucoup de plantes ainsi défeuillées sont récupérables, même s’il faut parfois attendre des mois avant que pointe un nouveau feuillage.

Comment savoir si un arbuste qui paraît sec est bel et bien mort?

Gratter légèrement l’écorce d’un rameau pour voir si le bois est vert dessous, ou bien couper ledit rameau au sécateur (et si nécessaire redescendre jusqu’à trouver du bois vert). Certains plants dont la ramure a entièrement séché peuvent repartir du pied. Si l’arbuste est en pot, soulever la motte pour vérifier les racines; s’il est en terre, on ne peut qu’attendre…

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Des plantations pas si saisonnières

Si les plantes annuelles sont bel et bien perdues une fois leur floraison terminée, on peut souvent récupérer des graines – qui permettront de cultiver à nouveau les mêmes espèces l’année suivante. Mais il faut aussi savoir que de nombreuses plantes vendues comme annuelles sont en réalité des vivaces. Si elles sont usuellement proposées parmi les saisonnières, c’est soit qu’elles sont trop frileuses pour survivre à la rigueur de nos hivers, laissées à l’extérieur (c’est le cas de beaucoup de plantes destinées à orner les balcons l’été), soit qu’on considère qu’elles deviennent moins jolies par la suite, soit pour ces deux raisons à la fois. Mais en réalité, avec des conditions et des soins adaptés (hivernage à l’abri du gel, taille de remise en forme), on peut très bien les conserver au moins quelques années. Parmi les espèces courantes, c’est notamment le cas des pélargoniums, des bégonias tubéreux, du cosmos chocolat, des cannas, callas, liserons d’ornement, fuchsias, eucomis, gazanias, gerbéras, irésines, sauges exotiques, oxalis et suzannes. Et bien entendu également des plantes frileuses plus ou moins ligneuses (laurier-rose, romarin, olivier, solanums, passiflores…).
 

Celles à qui il faut laisser leur chance

Les pas pressées

En plaine, la plupart des vivaces et des arbustes redémarrent en mars-avril. Mais certains savent se faire désirer: le noyer, le lilas des Indes (Lagerstroemia – photo), le grenadier ou le gattilier (Vitex agnus-castus) restent dépourvus de feuilles jusqu’en mai. Et il faut souvent attendre aussi longtemps pour voir repointer les pousses des blétillas, des salicaires, de certaines renouées et autres vivaces estivales.
 

Les lève-tard

On sème la plupart des annuelles entre la fin de l’hiver et le printemps – et on en profite parfois pour semer simultanément des graines de vivaces ou d’arbres. Or si les premières germent en quelques semaines, voire quelques jours, les secondes mettent souvent bien plus de temps. Il est donc prudent d’étiqueter soigneusement les semis de vivaces, et de ne pas laisser de mauvaises herbes s’installer dans les godets.
 

Les vite évanouies

Si certaines vivaces restent visuellement présentes toute l’année, la plupart disparaissent durant l’hiver pour redémarrer au printemps. Certaines peuvent même tirer leur révérence bien avant l’automne, sitôt terminée leur floraison: c’est notamment le cas des pavots d’Orient (photo), des molènes hybrides, des aulx… En cas de doute, toujours attendre l’année suivante avant de les compter pour mortes.

© DR

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