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Cet ornithologue du bout du lac n'a jamais froid aux yeux

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© Olivier Born

Même si vous vous levez de bonne heure et que vous vous rendez sur la jetée des Pâquis, à Genève, au lever du jour, vous n’aurez peut-être pas la chance d’apercevoir le fuligule morillon, le garrot à œil d’or, le harle bièvre, le canard chipeau ou le souchet. Mais vous croiserez sans doute Cédric Pochelon, jumelles en bandoulière et calepin à la main. «Je viens souvent faire quelques observations le matin avant d’aller au travail, avoue le jeune homme. En fait, je viens au bord du lac dès que j’ai du temps libre, et je passe mes vacances l’œil collé à ma longue-vue!»

A la saison froide, les oiseaux sont nombreux à se réfugier dans la rade de Genève, profitant de la nourriture abondante et de la tranquillité qu’offrent les eaux du Léman. Pour les ornithologues, c’est le moment idéal pour effectuer des recensements. «Depuis 1967, ces actions de comptage coordonnées au niveau européen permettent d’évaluer le nombre de volatiles qui passent l’hiver sous nos latitudes, précise Cédric Pochelon. D’année en année, pendant une journée du mois de janvier, des ornithologues de tout le continent recensent simultanément les oiseaux hivernants, ce qui les renseigne sur l’état des populations.» En plus de cette action ponctuelle, d’autres comptages sont régulièrement effectués sur le Léman. Inutile de préciser que Cédric Pochelon est de toutes les opérations.

Une passion chronophage

C’est au sein du Groupe des jeunes de l’association Nos Oiseaux que Cédric Pochelon a mis en pratique une passion pour l’ornithologie héritée de ses grands-parents. Aujourd’hui, il est le secrétaire du Groupe ornithologique du bassin genevois (GOBG), qui mène des projets de protection des oiseaux dans tout le canton. Ingénieur en environnement pour un bureau d’étude privé, l’ornithologue a toujours autant de plaisir à observer les oiseaux depuis Collonge (GE), où il a grandi: «C’est génial de suivre au fil du temps l’évolution d’un endroit que je connais par cœur.»

Les oiseaux du coin n’ont plus de secrets pour Cédric Pochelon: «Près de Collonge, il y en a assez peu. Mais les espèces sont très variées: on y observe à la fois des canards plongeurs et des oiseaux migrateurs qui s’accordent une pause pour se nourrir.» Il s’interrompt soudain pour braquer ses jumelles sur un groupe de volatiles qui nous survole: «Tiens, les corneilles rentrent en ville. Elles vont passer la nuit au bois de la Bâtie.»

Pour le Genevois, rien ne vaut le plaisir de réaliser une observation exceptionnelle ou de surprendre un oiseau rare à force de patience et de ténacité. «Entre ornithologues, nous comparons parfois notre passion à celle des chasseurs. La dimension instinctive est la même. Mais nous n’avons pas de fusil, c’est toute la différence!» Pour toute arme, Cédric Pochelon peut compter sur sa longue-vue, qui ne le quitte presque jamais. Même s’il doit la porter sur le dos lorsqu’il pédale à travers la Cité de Calvin. C’est seulement lorsqu’il s’adonne à la voile, son second amour, qu’il se résout à lâcher ses instruments d’observation: «Je participe à des régates sur lac et sur mer. Mes coéquipiers n’apprécieraient pas que j’abandonne mon poste pour regarder les oiseaux!»

Clément Grandjean

Terre&Nature, le 9 janvier 2014

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+ d’infos: www.gobg.ch


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